Principes d'éducation

Faire face aux colères de bébé

Faire face aux colères de bébé
Bébé colérique

La colère est une manifestation normale et courante chez l'enfant, dès son plus jeune âge. Comme tout bébé, votre loulou crie ou se met en colère pour exprimer une émotion qu'il ne peut pas encore manifester par le langage. Quelques conseils pour appréhender ces rages !

 

Entre 6 mois et 3 ans, prenant conscience de sa propre personnalité, bébé cherche à s'affirmer en imposant aux autres, sa volonté. Confrontant sa recherche de plaisir à la réalité... Retour sur quelques clés pour mieux comprendre quelques unes des raisons (évidemment multiples) de sa colère pour y faire face, avec patience et fermeté...

Essayer de "décoder" les raisons de la colère

Essayer de "décoder" les raisons de la colère

"La colère de l'enfant peut être l'expression d'un malaise, explique Stéphanie Cibiel, psychologue à l'Hôpital Bichat (Paris). Il faut d'abord déterminer les raisons de cette colère. Bébé a-t-il de la fièvre, est-il fatigué ou s'agit-il simplement d'un caprice afin de tester l'adulte ?" Un nourrisson pleure ou pique même des petites crises pour exprimer un besoin, un désir, une douleur, un chagrin ou une peur. "Quand un bébé a faim, il braille. Il répond au principe de plaisir par opposition au principe de réalité, explique la psychologue, c'est-à-dire qu'il ne pense qu'à satisfaire ses désirs et utilise spontanément ce mode d'expression pour atteindre son but."

Bébé est "tout puissant" et ne connaît pas encore la réalité, avec ses limites... Il vit en symbiose avec sa mère : tous deux ne forment qu'un seul être.

S'il obtient tout ce qu'il veut, pourquoi s'arrêterait-il ?

Puis, entre 6 mois et 3 ans, il prend conscience de l'existence des autres et de sa propre personnalité. Il veut alors imposer sa volonté et se révolte contre tout. Au moment de coucher bébé, il refuse de se déshabiller ou d'enlever ses chaussures... Un "rien" l'énerve. Il se roule par terre, rouge de colère... "Piquer une colère pour l'enfant, précise la spécialiste, fait partie de sa stratégie pour gagner quelque chose. Il provoque ses parents pour mesurer les degrés de leur résistance. S'il obtient satisfaction grâce à ses crises, pourquoi s'arrêterait-il ?"  

Sources : magicmaman.com/Comment faire face aux colères de l'enfant/Stéphanie Cibiel, psychologue à l'Hôpital Bichat (Paris)


Bébé est-il capricieux ?

Le mot caprice ne convient pas tant que le bébé n’a pas la conscience de l’autre et du pouvoir qu’il peut exercer sur cet autre c'est à dire pas avant six ou sept mois.

Bébé est-il capricieux?

 

Avant ce stade, votre bébé peut vous sembler capricieux mais, en réalité, il ne l’est pas. Il fait simplement l’expérience du monde sans ordre ni but défini. Il pense également que ce monde lui appartient.

Il peut donc se montrer exigeant ou imprévisible mais son unique désir est celui de se faire comprendre. Mais s’il n’y arrive pas, sa colère peut exploser et ce, dès la naissance. Sa colère se traduira alors par des cris et des hurlements puisque c’est la seule façon qu’il possède pour l’exprimer. Les cris s’arrêtent fort heureusement dès que son message de frustration a été décrypté et le besoin satisfait.

Ne pas céder aux caprices

        Quant au véritable caprice, l’origine en est bien différente. L’enfant exprime le désir de quelque chose car, en réalité, il veut tester sa mère.

Cela s’explique par le fait qu’il ressent si fort son absence et se sent si dépendant d’elle, vers l’âge de six ou sept mois, que l’idée de mort se forme en lui. Bien évidemment, cette peur est erronée et le bébé apprendra progressivement à se passer de sa maman sans crainte d’en perdre la vie.

Avant cette prise de conscience, il tente d’enfermer sa mère dans son pouvoir car l’inquiétude le ronge. Pour ce faire, il recourt à des moyens rudimentaires tels que de demander et puis refuser de manger ou d’être pris dans les bras par exemple.

De la sorte, une conduite qui était jusque là régulière devient instable.

Si la mère cède aux caprices de son enfant, elle ne fera que l'installer un peu plus, chaque fois, dans son erreur et son angoisse. Le résultat final sera un cercle vicieux engendrant sans cesse de nouveaux caprices.

        La meilleure solution est de poser rapidement des limites en laissant votre enfant crier et en lui disant non, qu’il a voulu ce jouet, qu’il l’a et qu’il faut donc en rester là.

Votre bébé interprétera alors vos paroles comme le fait qu’il va crier, avoir peur mais qu’il comprendra, au bout de deux, trois fois, qu’il survit très bien, que sa vie est en lui et qu’il ne dépend pas de vous. En ce faisant, vous permettez à votre petit de franchir une étape primordiale.

Il se peut aussi que l’on se trompe entre colère et caprice surtout que l’enfant monte généralement le ton dans les deux cas. S’il est réellement en colère, qu’il a du chagrin et de gros sanglots, vous devez rechercher quel besoin important en est à l’origine. 

       Si sa colère n’est pas motivée par un besoin, elle sera violente mais courte. Dans ce cas précis, votre fermeté permettra de diminuer ses tentatives ultérieures.

Quant aux caprices, il n’est pas facile d’y résister. En réalité, votre réaction dépendra fortement de la relation que vous avez eue avec votre propre mère lors de votre enfance.

L’entourage et surtout le papa jouent alors un rôle primordial car leur présence constitue une véritable interposition entre la mère et son bébé, ce qui est très utile.

En conclusion, sachez qu'il n'est jamais bon qu'un enfant parvienne à mener sa maman par le bout du nez, ni pour lui ni pour elle !

Sources : babyfrance.com/Bébé est-il capricieux ?


Qu'appelle-t-on le stade du "non" ?

Le stade du "non"

            Vers l'âge de 16 mois environ, l'enfant dit non à tout. C'est ce qu'on appelle la phase d'opposition. Il prend conscience de son indépendance propre et la manifeste à sa manière, en refusant tout ce que son entourage lui propose. Cette période crée parfois des "clash" entre l'enfant et ses parents... 

Non, pas les chaussures. Non, pas le bain. Non, pas la soupe. Depuis quelque temps, votre enfant s'oppose à tout. Épuisant !

Et si votre petit rebelle avait ses raisons... Quelques conseils de spécialiste.

  • Quelle mouche l'a piqué ? Lui qui mangeait si bien, se laissait habiller docilement... Aujourd'hui, il s'oppose, désobéit, résiste, ce que vous avez tendance à interpréter comme de la provocation. Pour réagir au mieux, comprenez ce qui se passe en lui.

Il s'oppose ? Une façon de se construire

Bébé se construit en s'affirmant
  • Il se différencie de vous. Jusqu'à 18 mois environ, votre tout-petit se vivait un peu comme le prolongement de vous, ses parents, et surtout de sa maman. Il n'était pas capable de dire « je ». Pour pouvoir dire « je », il doit se séparer. D'où l'incontournable étape du «  non ».
  • Il s'affirme. Votre enfant a besoin de vous mettre à distance pour se sentir un individu à part entière. Cette nouvelle perception de lui-même va se développer peu à peu et s'élaborer jusqu'à 2 ans et demi - 3 ans.

Oui, non, oui, non… il change d'avis tout le temps !

Vous avez bien du mal à suivre. Combien de fois a-t-il refusé tout net ce que vous lui proposiez pour revenir à la charge la minute suivante en vous réclamant l'objet de son refus ? Rassurez-vous : il est en train d'apprendre à reconnaître ses désirs et ses besoins. Sa première réaction est « non » ? C'est pour être certain de ne pas être dans votre désir, mais dans le sien. Il se met à l'écoute de lui-même pour entendre ses propres désirs. C'est alors qu'il dit « oui ». Cette étape de refus lui a permis d'être sûr que c'est son propre désir et non le vôtre.


Imposer son autorité avec patience et fermeté

"Ainsi vers 16 mois, quand l'enfant commence à marcher et à parler, il doit faire face au principe de réalité (par opposition au principe de plaisir mentionné précédemment); c'est à dire qu'il doit confronter sa recherche de plaisir à la réalité." A cette étape de la vie, les parents doivent imposer leur autorité et ne pas céder à ses caprices sous prétexte qu'il se met en colère ! 

Calme et fermeté sont de rigueur. "L'attitude des parents est primordiale, souligne la psychologue, puisqu'ils sont chargés de fixer les limites en restant à l'écoute de leur enfant."

Un geste amical ou un gros câlin suffisent parfois à calmer le bambin. "Il ne faut pas se focaliser sur ses colères infantiles, ajoute-t-elle, car ce mode d'expression fait aussi partie du développement normal de l'enfant qui doit se positionner par rapport aux autres." L'enfant prouve qu'il existe en tant qu'individu.

Imposer son autorité avec patience et fermeté

"A moins, bien sûr, précise la psychologue, qu'elles ne soient très fréquentes ou qu'elles s'inscrivent dans un contexte particulier, systématiquement après l'école ou la crèche ou de retour de chez l'assistante maternelle, par exemple..."

De retour à la maison, certains enfants deviennent des monstres alors qu'ils étaient adorables chez l'assistante maternelle. Leur attitude change même dés l'arrivée de leur parent chez la nourrice. Pourquoi ? Parce que ces enfants-là font souvent ce qu'ils veulent chez eux, ce sont ce qu'on appellent des "enfants-rois". Les parents "absents" ont leur part de responsabilité dans ce comportement en cédant, quand ils sont là, à tous leurs caprices. A eux de réagir fermement devant l'assistante maternelle pour qu'aux yeux de l'enfant, il y ait une cohérence entre les deux modes d'éducation auxquels il est soumis quotidiennement.

Enfin, des difficultés de communication dans la famille (avec les parents ou les frères et sœurs) peuvent aussi être à l'origine de colères trop rapprochées. Sur ce point, aux parents d'être vigilants... en ayant à l'esprit que si la colère est une habitude familiale, l'enfant utilisera volontiers, lui aussi, ce mode d'expression. 

Sources : magicmaman.com/Comment faire face aux colères de l'enfant/Stéphanie Cibiel, psychologue à l'Hôpital Bichat (Paris)


11 réflexes pour avoir de l’autorité face à un enfant colérique :

  • 1 - Ne pas culpabiliser

Pleurs de bébé, hurlements, caprices, colères noires... Les crises de nerfs de nos chères têtes blondes ne sont pas la preuve d’un manque d’autorité mais l’occasion de l’exercer, car ils ne font rien de plus que nous tester !

  • 2 - Lui montrer tout de suite mon désaccord...

Dès que la colère éclate, avant tout tenter de comprendre l'origine et le sens de cette colère et d'apaiser l'enfant. Si la crise perdure ne pas hésiter à prendre du recul et à laisser l'enfant se calmer seul (à l'écart) pour ne pas entrer en conflit. L’objectif : lui montrer de façon claire que je n’approuve pas (du tout).

  • 3 - Mais attendre pour parlementer

Déjà, l'enfant doit comprendre qu’une colère noire ne peut pas aboutir sur des négociations. En plus, il n’est certainement pas en mesure (et moi non plus !) de s’exprimer calmement ni d’être réceptif. Reporter la discussion à plus tard.

11 réflexes pour avoir de l’autorité face à un enfant colérique
  • 4 - Éviter de crier plus fort que lui

En se mettant dans de tels états, les petits espèrent aussi nous voir sortir de nos gonds. Ne pas rentrer  dans ce jeu et m'efforcer de garder mon calme le temps qu’il retrouve le sien.

  • 5 - Veiller à ce qu'il ne fasse de mal à personne

S’il a tendance à retourner sa colère contre les autres, intervenir avant que ça ne dégénère, et me montrer particulièrement intransigeante, en signifiant à l’enfant que ses émotions négatives ne doivent sous aucun prétexte être une excuse ou un alibi à la violence.

  • 6 - Valider son sentiment...

Les émotions ne sont pas soumises au jugement des autres. En lui disant qu’il a le droit d’être en colère l'enfant comprendra que toutes les palettes de sentiments lui sont autorisées, sans avoir besoin de mon approbation.

  • 7 - ... mais pas l'expression de celui-ci

L'enfant doit comprendre que s’il a le droit de ressentir ce qu’il veut, il n’a pas le droit de l’exprimer comme il veut. Cette mise au point est essentielle car elle pose les fondements des règles sociales que l'enfant doit intégrer. Je l’aiderai alors à prendre conscience du contexte et à comprendre qu’il y a des endroits et des moments qui ne se prêtent pas aux cris et aux hurlements.

  • 8 - L'inciter à exprimer autrement son mécontentement

Commencer par lui apprendre à bien respirer, en inspirant et expirant profondément pour retrouver son calme. Je peux également lui confier un objet symbolique (peluche, ballon) contre lequel  il pourra se défouler. A partir de 3 ans, j'essaierai de l’orienter vers une activité qui l’aidera à évacuer ses tensions et exprimer autrement le mal-être qui peut l’envahir : dessin, musique, sport….

  • 9 - Faire abstraction du regard des autres

Pas facile quand la scène se déroule par exemple aux ateliers récréatifs, devant 15 ou 20 paires d’yeux effarés, y compris ceux des autres bambins… Les enfants affolés par ces démonstrations de colère se mettent immanquablement à crier et à pleurer à leur tour dans une effarante cacophonie. Bébé a le chic pour sentir les situations dans lesquelles les adultes ont des difficultés à réagir.
Je ne cède donc surtout pas, au risque de voir la situation se répéter inlassablement !

  • 10 - Essayer d'être un "modèle"

Essayer de rester cohérente. En exprimant mon mécontentement par des cris et des claquements de porte quand je m'acharne à lui répéter que « ce n’est pas la solution aux problèmes », je pourrais brouiller les repères du petit.

  • 11 - Rester vigilante

Il n’y a rien d’inquiétant dans le fait qu’un enfant pique des colères, au contraire ! Ce qui doit alerter les parents et les professionnels de la petite enfance, c’est la fréquence de celles-ci, la violence de leur manifestation, et surtout que ces accès surviennent brutalement à une époque donnée, alors que l’enfant était plutôt calme. Peut-être cherche-t-il à attirer l’attention sur lui : l’avis et les conseils d’un pédopsychologue ou d'un pédopsychiatre peuvent alors nous aider à y voir plus clair et à aider l'enfant, parfois en quelques séances seulement !

Sources : magicmaman.com/11 réflexes pour avoir de l’autorité face à un enfant colérique/Camille Anseaume


Pourquoi bébé pleure-t-il ?

Pleurer est le premier moyen dont dispose les bébés pour communiquer leurs émotions négatives qu'il s'agisse de la faim, la peur, la douleur ou la colère. Des chercheurs espagnols ont étudié les différences entre les pleurs des bébés selon les émotions qui leur sont liées, ainsi que la capacité qu'ont les adultes de les reconnaître (Étude menée auprès d'enfants âgés de 3 à 18 mois). Les variations les plus importantes se situent dans l'activité des yeux et la dynamique du cri.

Les yeux des nourrissons resteraient ouverts lorsque les pleurs sont dus à la peur et à la colère, alors qu'ils seraient fermés lorsqu'ils sont provoqués par la douleur.

L'intensité des pleurs augmenteraient progressivement lorsqu'ils sont associés à la colère, mais serait maximale dès le début, dans des pleurs de douleur ou de peur.

 

 

Cris progressifs

Cris d’intensité maximale continus

Yeux ouverts

Colère

Peur

Yeux fermés

 

Douleur

 

Peu d'adultes sont parvenus à identifier correctement l'émotion à l'origine du cri, en particulier quand il est provoqué par la colère ou la peur. Les chercheurs ont toutefois constaté que la réaction émotionnelle de l'adulte est plus intense quand le bébé pleure de douleur que lorsqu'il pleure à cause de la peur ou de la colère, même s'il est incapable d'en comprendre la signification. Les pleurs de douleur avertiraient d'une menace potentiellement grave pour la santé ou la survie du bébé et nécessiteraient donc une réponse urgente de la part de l'adulte.


Sources : Etude menée auprès d'enfants âgés de 3 à 18 mois.

Mariano Choliz, Enrique Fernandez-Abascal, Fransisco Martinez-Sanchez/"Infant Crying : Pattern of Weeping, Recognition of Emotion and Affective Reactions in Observers"/The Spanish Journal of Psychology/novembre 2012.